dimanche 13 juillet 2014

Lettre d'Ardamuse à Bruno Gallier

Bruno Gallier est vice-président de la communauté d'agglomération du Val d'Yerres, chargé de la culture


le 9 juillet 2014
Monsieur le Maire.

Ce courrier fait suite à l'entretien que nous avez bien voulu nous accorder le 30 juin dernier juste avant la réunion du Conseil communautaire.
 Ce conseil a entériné pour l'essentiel la 'réforme' qui lui était proposée. Nous en prenons acte et ne pouvons que le regretter.
Depuis, de nombreux départs de professeurs ont été annoncés et la réduction du volume horaire que nous craignions a été confirmée : de 877 heures on passe à 750, soit une diminution de 15%. De plus, la 'nouvelle offre pédagogique' s'accompagne non seulement d'une légère hausse des tarifs pour les cursus traditionnels, mais aussi d'une diminution significative de leur volume horaire, ce qui équivaut à une augmentation substantielle. Au demeurant nous ne trouvons pas trace des tarifs attractifs annoncés à l'appui de ladite réforme. Autant d'éléments qui ne peuvent que renforcer nos inquiétudes.
Nous avons du mal à voir comment cette 'innovation' va permettre de "conjuguer baisse des coûts, maintien de la qualité de l'enseignement et ouverture au plus grand nombre" (pour reprendre une formule du tract mis en circulation le 13 juin).
Cela dit, nous avons constaté que certains conseillers et vous-même aviez lors de ce Conseil manifesté une réelle ouverture d'esprit, qui s'est traduite de façon intéressante sur l'avenir des classes à horaires aménagés.
Sans renoncer en rien à la vigilance qui est de notre responsabilité, nous entendons répondre de façon constructive à cette ouverture, et c'est dans ces dispositions que nous souhaitons vous rencontrer dès la seconde quinzaine d'août, avant la réunion du Conseil d'établissement prévue pour la fin de ce mois.
Lors de ce rendez-vous de rentrée, nous aimerions aborder trois questions :
• Quels apports de la Commission culture que vous aurez réunie entre-temps pour définir les orientations de votre politique culturelle ?
• Quelles modalités concrètes pour la concertation prévue, et pour commencer sur cet avenir des classes à horaires aménagés ?
• Quelles données permettant d'appréhender le budget du conservatoire et tout particulièrement de chiffrer la 'nouvelle offre pédagogique' ?
Nous reprendrons contact en temps utile pour convenir d'une date.
En l'attente, je vous prie, Monsieur le Maire, d'agréer mes salutations distinguées.
 Ardamuse

Suite à ce courrier un rendez-vous est prévu le 26 août

mercredi 9 juillet 2014

Lettre ouverte aux élus du Val d'Yerres


Le 8 juillet 2014 

Monsieur le président,
Madame la vice-présidente,
Messieurs les vice-présidents,
Mesdames et Messieurs les conseillers communautaires,

Nous avons suivi avec beaucoup d’attention les débats du conseil communautaire qui s’est tenu le 30 juin dernier.

Un premier constat, dont nous nous réjouissons : la situation financière de l’agglomération, qui dégage un excédent de 2,14 millions d’euros, n’est pas aussi dégradée que certains commentaires alarmistes de l’administration pouvaient le laisser penser.
 
Dans ce contexte, alors que l’urgence financière invoquée pour justifier la restructuration hâtive du Conservatoire n’est pas avérée, l’adoption de ce projet de réforme, projet pourtant qualifié d’ «improvisé» par le rapporteur même du texte, nous surprend et nous déçoit. Cela ne fera toutefois que renforcer notre mobilisation.
Il s’agit bien, en effet, d’un projet bâclé, comme en témoignent, par exemple, l’absence de chiffrage prévisionnel du projet ou encore le fait, pour le moins étonnant, que les travaux importants nécessaires à la mise en place des enseignements collectifs n’ont pas été prévus. Etait-il vraiment utile d’adopter un projet aussi visiblement mal conçu, et ce au mépris des inquiétudes, malheureusement fondées, des élèves, des parents d’élèves et des professeurs?

Nous prenons néanmoins acte des engagements pris par le vice-président chargé de la culture, Monsieur Bruno Gallier, et approuvés en séance par le président :
-  le maintien de la qualité de l’enseignement du conservatoire (ce qui doit signifier pour nous notamment le maintien du label CRD),
-  le maintien d’un enseignement individuel « classique » à côté d’un enseignement collectif,
-  la mise en place d’une concertation avec les professeurs et les parents d’élèves,
-  la nécessité d’une évaluation de la réforme,
-  le caractère « expérimental » et réversible de cette réforme.
Toutefois, nous constatons que les choses vont vite, que les dégâts pédagogiques et humains de la restructuration sont déjà visibles et qu’ils seront bientôt irréversibles (déjà 15% des heures d’enseignement ont été supprimées). Les gains en termes d’inscriptions, et donc d’ouverture à de nouveaux publics, paraissent, quant à eux, très hypothétiques.
 
La concertation et la réflexion sur l’avenir du Conservatoire, qui n’ont pu avoir lieu avant votre vote, sont maintenant urgentes. Faute de quoi, le Val-d’Yerres perdra l’un de ses fleurons, ce qui serait un lourd bilan pour votre mandat.

Nous tenons, une nouvelle fois, à rappeler que le conservatoire est un atout culturel important pour notre collectivité qu’il conviendrait de valoriser auprès du public. Mais ce n’est pas que cela.  La mission d’un conservatoire est d’être une école ouverte à tous les enfants où ils viennent trouver épanouissement, exigence et excellence. Le rôle éducatif du Conservatoire, pourtant si important, n’a pas été abordé durant les débats. Nous regrettons le désintérêt que vous avez ainsi manifesté pour l’éducation des enfants du Val d’Yerres.
 
Nous serons particulièrement vigilants sur la réalité et la qualité de la concertation promise. Nous nous tenons ainsi à la disposition de Monsieur Gallier, et de tous les élus concernés ou intéressés, pour des échanges que nous espérons constructifs, avec le double souci de préserver les acquis pédagogiques du conservatoire et de trouver de nouveaux publics.
 
Nous attendons désormais de votre part une action rapide pour enrayer la spirale du démantèlement qui est désormais engagée.
 
Nous vous prions de recevoir l’expression de notre considération distinguée.


Le Comité de soutien au Conservatoire à rayonnement départemental du Val d'Yerres


PJ 


lundi 7 juillet 2014

Le Conservatoire restructuré à la hâte : état des lieux

 Après un mois de mobilisation contre le démantèlement du Conservatoire à rayonnement départemental, une pétition de 4000 signataires, la constitution d'un comité de soutien, une réunion publique houleuse avec les maires du Val d'Yerres, et des entretiens avec Nicolas Dupont-Aignan, Bruno Gallier ou Romain Colas, respectivement président et vice-présidents de la Communauté d'agglomération, quelle est la situation au 7 juillet 2014?

Le vote du Conseil communautaire du Val d'Yerres le 30 juin : conclusions provisoires 

 

Le Conseil a voté la nouvelle offre pédagogique, présentée en conseil d'établissement le 19 juin 2014, et la tarification 2014-2015. Le vote des conventions CHAM-CHAD a été différé.

Un objectif d' "élargissement des publics" sans les moyens pour l'atteindre
Plus d'élèves avec moins de professeurs et des tarifs toujours plus élevés, est-ce là un projet pensé et adapté, ou un objectif sans les moyens pour l'atteindre ?

Les élus réunis en conseil communautaire le 30 juin ont pu constater que la réforme a été entreprise dans l'urgence , que "les décisions ont été prises d'autorité", comme l'a indiqué le Président de la Communauté d'agglomération du Val d'Yerres (CAVY).
  • Il n'y a pas eu concertation : le vice-président chargé de la Culture a reconnu que "le temps était venu de la concertation".
  • Le projet ne fait l'objet d'aucun chiffrage (il y a bien eu une réunion des maires le 6 juin durant laquelle des décisions ont été prises, quoi qu’en dise la CAVY ; le budget du Conservatoire joue toujours l’arlésienne, y compris pour les élus).
  • L'enjeu financier a été dramatisé alors qu'il est somme toute limité, quand on considère que la CAVY dégage un excédent global  (2,14 millions d'€) et quand on le compare notamment à la charge de la dette de la CAVY et aux sommes engagées pour les spectacles (salles, délégation de service public).
  • La politique culturelle de la Communauté d'agglomération s’est avérée jusqu’à présent inexistante : la seule ambition paraît être la délégation de l’organisation de spectacles à un prestataire.

"Rien n'est irréversible"

Le Conseil communautaire a permis de fonder quelques espoirs pour la suite, au regard des engagements pris par les élus (exprimés par Bruno Gallier et approuvés par Nicolas Dupont-Aignan) :
  • le maintien de la qualité de l’enseignement du Conservatoire et donc du label CRD,
  • le maintien d’un enseignement individuel « classique » à côté d’un enseignement collectif,
  • la nécessité d’une évaluation de la réforme,
  • son caractère « expérimental » et réversible.
  • Bruno Gallier a également déploré le fait que le Conservatoire soit peu impliqué dans la politique culturelle de l’agglomération.
  • Le sort des classes CHAM/CHAD a été différé à la demande de Romain Colas (la question sera de nouveau à l'ordre du jour cet automne).

 

Où en est le Conservatoire ?

L'état des lieux
  • Les inscriptions ont été ouvertes avec beaucoup de retard le 1er juillet et s'avèrent chaotiques; les parents ne sont pas informés des pratiques collectives offertes aux élèves inscrits depuis plusieurs années, ni des horaires et des professeurs de formation musicale, contrairement aux années passées.
  • Les tarifs ont été augmentés et les prestations diminuées :
  • un tarif spécifique pour le piano a été mis en place, supérieur de 38 à 55 € (selon les cycles) au tarif des autres instruments;
  • un "cursus loisirs" devant "répondre à l’attente du public" a été créé au tarif de 562 €, c'est-à-dire au même tarif que le cycle 2 mais avec des prestations moindres (2 cours au lieu de 3), et plus cher que le "hors cursus" qu’il est censé remplacer;
  • les ateliers découverte ont été supprimés: ils permettaient aux enfants de 6-7 ans d'essayer de nombreux instruments et de découvrir les plus méconnus. Certains professeurs "recrutaient" leurs élèves grâce aux ateliers;
  • les temps de cours sont diminués (et le tarif augmenté) :
  • de moins 15 mn à moins 30 mn en danse
  • moins 15 mn en éveil 3
  • moins 30 mn en formation musicale 1C4 et 2C4
  • moins 10 mn pour les cours individuels en 3ème cycle.
  • De nombreuses questions d'organisation restent en suspens :
  • les élèves (collégiens, etc.) débutant un deuxième instrument doivent-ils intégrer un cours collectif avec des enfants de 7 ans (initiation) ?
  • la réforme pédagogique ne concerne pas les musiques actuelles. Pourquoi
  • quid de la scolarité des élèves de cycle 1, d’ici deux ans, si les effectifs enseignants continuent de chuter ?
  • Le maintien des élèves dans l'établissement de leur commune ne peut plus être garanti, contrairement à la décision prise au moment de la création de la CAVY.
  • Les salles de cours ne sont que rarement adaptées aux cours collectifs.
  • Les interventions en milieu scolaire sont déclarées "supprimées".
  • le sort des CHA est suspendu jusqu'à l'automne.

Comment élargir les publics avec moins d'enseignements ?

Un certain nombre de professeurs quittent le Conservatoire, soit parce que leur contrat n'est pas renouvelé ou qu'ils partent en retraite, soit parce que d'autres établissements leur offrent des perspectives professionnelles moins sombres :
  • 1 professeur de clavecin et musique ancienne,
  • 1 professeur d'orchestre,
  • 1 professeur de formation musicale,
  • 3 professeurs de piano,
  • 2 professeurs de violon,
  • 1 professeur d'éveil musical et chef de chœur.

Soit 127 heures de cours perdues au mois de juin, à la date du 7 juillet (de 870 heures de cours en 2013-2014, on est déjà passé à 750 h de cours prévues pour la rentrée : professeurs non remplacés, temps de travail réduit, etc): c'est-à-dire 14,5 % des enseignements supprimés!
  • Auxquels s'ajoutent les départs de 2013 et 2014 – dont les deux directeurs pédagogiques du Conservatoire !
  • A ce jour, le sort du professeur de violoncelle qui devait être titularisé est toujours en suspens; il s'est vu proposer 5 h 15 de cours , exclusivement des grands élèves (une proposition inédite à ce jour dans un Conservatoire)   et espère encore un accord pour 8 h d'enseignement.

A faire, préserver, et / ou développer

  • Avoir une politique tarifaire en adéquation avec une politique volontariste d'élargissement des publics;
  • continuer de remplir des missions d'intérêt public (offrir une éducation musicale aux enfants désireux d’y consacrer le temps nécessaire ; former des musiciens amateurs et professionnels) et obtenir des subventions pour ce projet dûment formulé et mis en œuvre;
  • inscrire le CRD dans une politique culturelle proposant et articulant (et non cloisonnant) éducation, médiation culturelle, diffusion et pratiques artistiques;
  • développer la communication locale, régionale et en ligne du CRD et donner une visibilité à sa programmation;
  • maintenir les interventions en milieu scolaire qui sont LE moyen de toucher de futurs élèves et un nouveau public,
  • développer un orchestre digne de ce nom,
  • développer la musique de chambre,
  • maintenir le DEM et les cycles de perfectionnement,
  • préserver les CHA,
  • développer les partenariats avec les structures professionnelles et des résidences,
  • permettre aux musiciens et danseurs de se produire localement en tant que (pré)-professionnels : il n'y a actuellement aucune place pour cela dans la programmation locale,
  • développer les passerelles vers le monde amateur,
  • multiplier les passerelles vers le monde professionnel,
  • avoir un pianiste accompagnateur dans les classes où c’est nécessaire (par exemple le chant),
  • développer les master classes avec de grands noms de la musique comme ce fut le cas avec Juliette Hurel en 2009,
  • rechercher des partenariats privés,
  • maintenir les effectifs et la qualification des enseignants.
 
Les outils à mettre en place
  • Une vraie concertation avec un processus dûment formalisé : réunions régulières (plus fréquentes que le Conseil d’Établissement) avec Bruno Gallier, l’administration, les professeurs, les parents d'élèves (association, élus), le Comité de soutien au CRD.
  • Une véritable transparence avec la communication des budgets, du bilan des inscriptions, de l’évolution des effectifs du corps enseignant…

La lettre du SAMUP à Nicolas Dupon-Aignan

Le Syndicat des Artistes Interprètes et Enseignants de la Musique, de la Danse et des Arts Dramatiques a écrit à Nicolas Dupon-Aignan


Paris le 23 juin 2014

Monsieur le Président,  


Lorsque vous avez été élu en 1995 à la tête de la mairie de Yerres, l'une de vos premières décisions a été d'essayer de fermer l'ENMD, bien qu'à cette époque, l'engagement financier de l'Etat vers les établissements d'enseignement artistique n'était pas mis en cause. 
Depuis 2003, derrière votre volonté affichée de réduire les coûts se cache un projet politique autrement plus délétère pour l'Education et la Culture au Val d'Yerres. Des efforts nous ont été demandés, et si il y avait des améliorations à apporter, un fonctionnement à optimiser, nous avons participé à l'effort collectif, conscients de la nécessité de bien employer l'argent public qui vous était confié.
Depuis 2009, vous êtes passé à la vitesse supérieure. Et vous avez mis en marche le démantèlement progressif de nos écoles.
Certains professeurs de renom, des P.E.A., ces Professeurs d'Enseignement Artistique, sont partis "d'eux mêmes ", sentant que l'avenir de ce conservatoire était compromis.
D'autres ont subi de telles pressions qu'enseigner ici leur était devenu insupportable.
D'autres encore ont été "incités"  à enseigner ailleurs. 
Quant aux plus fragiles, ceux dont les emplois précaires les muselaient encore plus que les autres, ils ont vu au mieux leur temps de travail diminuer au fil des années, et pour certains, leur contrat non renouvelés. Seule la mobilisation collective des professeurs en 2010 a empêché le désastre humain.
Vous avez muselé les enseignants, au nom du devoir de réserve. Une "veille informatique" surveille leurs faits, gestes et signatures sur Internet.
L'opacité qui règne a contribué à instaurer un climat de suspicion permanente, chacun craignant pour son poste, ses élèves, son avenir.
Ces écoles, ce CRD, qui devraient faire votre fierté, tant par la qualité et l'intensité du travail fourni que par l'investissement des professeurs et de leurs élèves, vous en avez fait un fantôme dans les villes, invisible, malgré ces presque 1200 élèves (dont certains d'entre eux sont devenus des professionnels grâce à leur passage dans vos écoles), absent de l'inauguration du CEC, absent de l'inauguration du théâtre de Brunoy, absent de l'inauguration de l'exposition Caillebotte, absent des "Musicales" de Caillebotte, ignorant les demandes réitérées des professeurs et de leurs élèves de plus de visibilité. Bref, invisible aux yeux de la population du val d'Yerres. Invisible à vos propres yeux. Alors que DEUX salles de spectacles, respectivement de 500 et 1000 places sont construites à 1km d'intervalle, votre CRD ne dispose même pas d'un auditorium qui lui est propre!
Depuis peu, les auditions d'élèves -qui ne sont même plus annoncées- sont fermées au public extérieur, officiellement par manque de place.
L'augmentation des tarifs entre 2010 et 2014 (déjà engagée avec la création du SIVU en 1997, et institutionnalisée en 2003 avec la VYCA) vient parachever le travail de destruction méthodique de notre  structure.
Nous voyons -encore- cette année, s'amenuiser la possibilité de rayonner auprès des écoles primaires du Val d'Yerres, par le biais de nos DUMIstes, dont même Alain Girard, en Conseil d’établissement a vanté l'engagement et la compétence. Nous pouvions, grâce aux CHAM/CHAD, garder un pied dans les collèges et ainsi, permettre à ceux qui avaient choisi ce cursus de bénéficier d'une éducation artistique de qualité et à leurs camarades d'autres classes d'avoir un autre regard sur la musique et la danse que celui dont ils sont abreuvés.
Quels que soient les efforts entrepris, en terme de masse salariale, en coût humain, en nombre d'heures d'enseignement artistique, ce n'est jamais assez. 
 
Vous nous opposez la baisse de subventions et le désengagement de l'Etat et du Conseil Général. Pourtant, les nombreux départs de professeurs (volontaires ou non) et de directeurs ont permis de réaliser des économies substantielles, et d'éponger ce déficit. Les économies que vous demandez aujourd'hui aux conservatoires ne relèvent-elles pas d'une gestion risquée de vos investissements? 
Que devrons nous faire de plus? Nous n'assisterons pas, passifs et impuissants, à la fermeture programmée de nos établissements publics.La fameuse "modernisation", dont vous parlez dans le tract distribué dans vos rues (quatre pages en couleurs, élaborées et financées par l'argent de vos contribuables), est-ce de faire croire que les choses iront mieux, avec moins d’argent? Autrement dit, faire croire que le service rendu aux usagers sera meilleur en appliquant une réduction voire une suppression d’une partie de l’activité, tout en arguant d’innovation pour habiller d’autres critères un enseignement au rabais? Ce type d'enseignement existe depuis longtemps, dans des structures associatives qui proposent en effet des cursus axés sur une pratique de loisir, fort différente de ce qui est attendu d'un établissement public d'enseignement artistique à Rayonnement Départemental.
Ce que vous proposez là est bel et bien un déclassement qui ne dit pas son nom.
Nous ne pouvons pas vous laisser dénigrer, dans ce document co-signé par les maires des 6 communes du Val d'Yerres, l'ensemble de la profession, dans un amalgame indigne de la fonction que vous exercez. Comment des élus, au service de ceux qui les ont mandatés pour être le garant des institutions qu'on leur a confiées, peuvent-ils traiter avec autant de mépris et d'irrespect ceux qui servent leurs administrés depuis tant d'années, et trahir les institutions dont ils ont la charge avec autant d'inconscience?
Nous ne pouvons pas vous laisser congédier brutalement une enseignante, au motif que sa compétence, avérée par sa réussite cette année au si difficile concours de PEA de la fonction publique territoriale, devient subitement trop chère, balayant au passage un engagement et un investissement sans faille pour votre collectivité. Sans compter ceux pour lesquels l'avenir à court terme est incertain.
Les professeurs et assistants d'enseignement artistique n'ont pas décidé de leur volume hebdomadaire d'enseignement (et non pas de travail, la nuance est d'importance), mais que si d'autres l'ont fait, c'est qu'ils mesuraient la charge de travail, hors des heures d'enseignement, que leurs cadres d'emploi impliquaient. Les dénigrez-vous aussi? Si deux cadres d'emplois ont été créés, c'est qu'en effet leur mission, diffère sensiblement.
La manœuvre est claire: amalgamer dangereusement des cadres d'emplois aux missions différentes, et toutes deux essentielles au maintien de la qualité de l'enseignement, par la diversité des publics que leur double existence permet de toucher: Les professeurs de catégorie A,- les P.E.A.- nécessaires au niveau de qualité requis pour un CRD. montrés du doigt comme « coûteux »,  qui se voient opposés à ceux de catégorie B, - les A.S.E.A.- qui rendraient le même service, pour moins cher . A moins que cela ne corresponde à quelques critères de qualité qu’il s’agit de faire oublier ? Nous nous interrogeons sur votre volonté de division , voire d'opposition, entre les enseignants des deux catégories: CAPES, AGREG, mêmes missions? Rédacteur, Attaché, même compétence?    
Le Val d'Yerres dispose aujourd'hui de 4 salles de spectacles, la 5è, à Epinay, étant en cours d'achèvement.
Si vous avez investi tant d'argent public dans ces lieux de diffusion, c'est pour y faire des spectacles, avec des artistes que vous payez au prix fort, pour... 2h ou 3h de "travail"? Et ces musiciens qui font le bonheur de vos usagers, ou et par qui  ont-ils été formés?  
En tant que personne, vous avez le droit de penser que les artistes enseignants sont des incapables, inutiles et chers. Des parasites de la société qui ne produisent rien.  Pas en tant qu'élu de la République. Un élu n'est pas seulement un chef d'entreprise, il doit être le garant de la continuité éducative et culturelle de l'Etat.
L'éducation n'est pas une marchandise.
Nous sommes solidaires des habitants du Val d'Yerres, dont nos structures font la fierté, qui se mobilisent aujourd'hui afin que la Culture et l'Enseignement artistique sur leur territoire ne fasse pas les frais de la logique comptable qui vous anime.
Recevez, Monsieur le président, l'expression de nos sentiments respectueux,


 Le Sécrétaire Général du SAMUP
François NOWAK