Etat des lieux

Le conservatoire restructuré à la hâte 

 

Après un mois de mobilisation contre le démantèlement du Conservatoire à rayonnement départemental, une pétition de 4000 signataires, la constitution d'un comité de soutien, une réunion publique houleuse avec les maires du Val d'Yerres, et des entretiens avec Nicolas Dupont-Aignan, Bruno Gallier ou Romain Colas, respectivement président et vice-présidents de la Communauté d'agglomération, quelle est la situation au 7 juillet 2014?

Le vote du Conseil communautaire du Val d'Yerres le 30 juin : conclusions provisoires 

Le Conseil a voté la nouvelle offre pédagogique, présentée en conseil d'établissement le 19 juin 2014, et la tarification 2014-2015. Le vote des conventions CHAM-CHAD a été différé.

Un objectif d' "élargissement des publics" sans les moyens pour l'atteindre
Plus d'élèves avec moins de professeurs et des tarifs toujours plus élevés, est-ce là un projet pensé et adapté, ou un objectif sans les moyens pour l'atteindre ?

Les élus réunis en conseil communautaire le 30 juin ont pu constater que la réforme a été entreprise dans l'urgence , que "les décisions ont été prises d'autorité", comme l'a indiqué le Président de la Communauté d'agglomération du Val d'Yerres (CAVY).
  • Il n'y a pas eu concertation : le vice-président chargé de la Culture a reconnu que "le temps était venu de la concertation".
  • Le projet ne fait l'objet d'aucun chiffrage (il y a bien eu une réunion des maires le 6 juin durant laquelle des décisions ont été prises, quoi qu’en dise la CAVY ; le budget du Conservatoire joue toujours l’arlésienne, y compris pour les élus).
  • L'enjeu financier a été dramatisé alors qu'il est somme toute limité, quand on considère que la CAVY dégage un excédent global  (2,14 millions d'€) et quand on le compare notamment à la charge de la dette de la CAVY et aux sommes engagées pour les spectacles (salles, délégation de service public).
  • La politique culturelle de la Communauté d'agglomération s’est avérée jusqu’à présent inexistante : la seule ambition paraît être la délégation de l’organisation de spectacles à un prestataire.

"Rien n'est irréversible"

Le Conseil communautaire a permis de fonder quelques espoirs pour la suite, au regard des engagements pris par les élus (exprimés par Bruno Gallier et approuvés par Nicolas Dupont-Aignan) :
  • le maintien de la qualité de l’enseignement du Conservatoire et donc du label CRD,
  • le maintien d’un enseignement individuel « classique » à côté d’un enseignement collectif,
  • la nécessité d’une évaluation de la réforme,
  • son caractère « expérimental » et réversible.
  • Bruno Gallier a également déploré le fait que le Conservatoire soit peu impliqué dans la politique culturelle de l’agglomération.
  • Le sort des classes CHAM/CHAD a été différé à la demande de Romain Colas (la question sera de nouveau à l'ordre du jour cet automne).

 

Où en est le Conservatoire ?

L'état des lieux
  • Les inscriptions ont été ouvertes avec beaucoup de retard le 1er juillet et s'avèrent chaotiques; les parents ne sont pas informés des pratiques collectives offertes aux élèves inscrits depuis plusieurs années, ni des horaires et des professeurs de formation musicale, contrairement aux années passées.
  • Les tarifs ont été augmentés et les prestations diminuées :
  • un tarif spécifique pour le piano a été mis en place, supérieur de 38 à 55 € (selon les cycles) au tarif des autres instruments;
  • un "cursus loisirs" devant "répondre à l’attente du public" a été créé au tarif de 562 €, c'est-à-dire au même tarif que le cycle 2 mais avec des prestations moindres (2 cours au lieu de 3), et plus cher que le "hors cursus" qu’il est censé remplacer;
  • les ateliers découverte ont été supprimés: ils permettaient aux enfants de 6-7 ans d'essayer de nombreux instruments et de découvrir les plus méconnus. Certains professeurs "recrutaient" leurs élèves grâce aux ateliers;
  • les temps de cours sont diminués (et le tarif augmenté) :
  • de moins 15 mn à moins 30 mn en danse
  • moins 15 mn en éveil 3
  • moins 30 mn en formation musicale 1C4 et 2C4
  • moins 10 mn pour les cours individuels en 3ème cycle.
  • De nombreuses questions d'organisation restent en suspens :
  • les élèves (collégiens, etc.) débutant un deuxième instrument doivent-ils intégrer un cours collectif avec des enfants de 7 ans (initiation) ?
  • la réforme pédagogique ne concerne pas les musiques actuelles. Pourquoi
  • quid de la scolarité des élèves de cycle 1, d’ici deux ans, si les effectifs enseignants continuent de chuter ?
  • Le maintien des élèves dans l'établissement de leur commune ne peut plus être garanti, contrairement à la décision prise au moment de la création de la CAVY.
  • Les salles de cours ne sont que rarement adaptées aux cours collectifs.
  • Les interventions en milieu scolaire sont déclarées "supprimées".
  • le sort des CHA est suspendu jusqu'à l'automne.

Comment élargir les publics avec moins d'enseignements ?

Un certain nombre de professeurs quittent le Conservatoire, soit parce que leur contrat n'est pas renouvelé ou qu'ils partent en retraite, soit parce que d'autres établissements leur offrent des perspectives professionnelles moins sombres :
  • 1 professeur de clavecin et musique ancienne,
  • 1 professeur d'orchestre,
  • 1 professeur de formation musicale,
  • 3 professeurs de piano,
  • 2 professeurs de violon,
  • 1 professeur d'éveil musical et chef de chœur.

Soit 127 heures de cours perdues au mois de juin, à la date du 7 juillet (de 870 heures de cours en 2013-2014, on est déjà passé à 750 h de cours prévues pour la rentrée : professeurs non remplacés, temps de travail réduit, etc): c'est-à-dire 14,5 % des enseignements supprimés!
  • Auxquels s'ajoutent les départs de 2013 et 2014 – dont les deux directeurs pédagogiques du Conservatoire !
  • A ce jour, le sort du professeur de violoncelle qui devait être titularisé est toujours en suspens; il s'est vu proposer 5 h 15 de cours , exclusivement des grands élèves (une proposition inédite à ce jour dans un Conservatoire)   et espère encore un accord pour 8 h d'enseignement.

A faire, préserver, et / ou développer

  • Avoir une politique tarifaire en adéquation avec une politique volontariste d'élargissement des publics;
  • continuer de remplir des missions d'intérêt public (offrir une éducation musicale aux enfants désireux d’y consacrer le temps nécessaire ; former des musiciens amateurs et professionnels) et obtenir des subventions pour ce projet dûment formulé et mis en œuvre;
  • inscrire le CRD dans une politique culturelle proposant et articulant (et non cloisonnant) éducation, médiation culturelle, diffusion et pratiques artistiques;
  • développer la communication locale, régionale et en ligne du CRD et donner une visibilité à sa programmation;
  • maintenir les interventions en milieu scolaire qui sont LE moyen de toucher de futurs élèves et un nouveau public,
  • développer un orchestre digne de ce nom,
  • développer la musique de chambre,
  • maintenir le DEM et les cycles de perfectionnement,
  • préserver les CHA,
  • développer les partenariats avec les structures professionnelles et des résidences,
  • permettre aux musiciens et danseurs de se produire localement en tant que (pré)-professionnels : il n'y a actuellement aucune place pour cela dans la programmation locale,
  • développer les passerelles vers le monde amateur,
  • multiplier les passerelles vers le monde professionnel,
  • avoir un pianiste accompagnateur dans les classes où c’est nécessaire (par exemple le chant),
  • développer les master classes avec de grands noms de la musique comme ce fut le cas avec Juliette Hurel en 2009,
  • rechercher des partenariats privés,
  • maintenir les effectifs et la qualification des enseignants.
 
Les outils à mettre en place
  • Une vraie concertation avec un processus dûment formalisé : réunions régulières (plus fréquentes que le Conseil d’Établissement) avec Bruno Gallier, l’administration, les professeurs, les parents d'élèves (association, élus), le Comité de soutien au CRD.
  • Une véritable transparence avec la communication des budgets, du bilan des inscriptions, de l’évolution des effectifs du corps enseignant…