Mise au point



Le 13 juin,au moment même où son Président et le Directeur général des services reçoivent les représentants d'Ardamuse, la CAVY met en ligne un document de 4 pages intitulé "Oui nous voulons sauver le Conservatoire du Val d'Yerres" et rédigé de manière unilatérale, sans aucune concertation entre les différentes parties. Ce document n'est ni évoqué ni présenté au cours de ce rendez-vous.
Il est distribué, en centre ville, par de jeunes élus aux abords de la manifestation du samedi 14; il est diffusé à grande échelle dans les Conservatoires, à la Fête de la ville de Yerres et sur les sites internet des collectivités territoriales. Dans ce document, les élus valident le bien fondé des inquiétudes et mettent à jour des projets plus alarmants encore.

  Notre réponse : 

  le 23 juin 2014

Comment les élus veulent couler le Conservatoire…

Le Conservatoire à Rayonnement Départemental du Val d’Yerres (CRD), haut lieu de l’enseignement de la musique et de la danse, réputé dans la France entière, fait actuellement l’objet d’une grave désorganisation. Opacité et précipitation sont les maîtres-mots d’une vaste tentative de remaniement de la part des élus du Val d’Yerres, sous couvert d’une baisse de subventions qui mettrait en péril, nous dit-on, son équilibre financier.
De l’avis des parents d’élèves, appuyés par un prestigieux comité de soutien et une pétition qui, en trois semaines, a déjà réuni plus de 4000 signatures, c’est précisément ce remaniement chaotique qui met en péril le Conservatoire.
Les élus du Val d’Yerres ont répondu à nos protestations par un tract en couleurs qui se veut informatif et rassurant : il désinforme et inquiète. Les auteurs déclarent d’entrée vouloir sauver le Conservatoire. C’est donc qu’il est bel et bien en danger. Quand nous évoquions ce danger, on nous reprochait de colporter des rumeurs.

 Aspects financiers

 
200 000 euros de subventions ont été récemment supprimés par le Conseil Général et l’État.

Les baisses de subventions du Conseil Général ont été votées dès 2008
Ce n’est donc pas une surprise. Pourquoi n’ont-elles pas été anticipées ?

2° Cette baisse de 200 000 euros s’inscrit dans le budget de fonctionnement du Val d’Yerres (47 millions d’euros) : elle en représente 0,43 %. Le prétexte est mince pour déclarer le Conservatoire en déséquilibre financier.

Ce ne sont pas les subventions de l’État qui permettaient le financement du label CRD.

Lorsqu’on lit cette phrase dans le tract de la CAVY (p. 3), ce qu’on comprend le mieux, c’est qu’il s’agit là d’un bel abus de langage destiné aux lecteurs distraits : en fait, ces subventions contribuaient pour une faible part (un peu moins de 10% du budget total) au financement du Conservatoire, point final. Leur suppression est plus que regrettable, mais elle est loin de mettre en péril l’équilibre financier de l’ensemble, qui s’évalue à l’échelle du Val d’Yerres.

La notion de « déficit » n’a pas de sens, s’agissant d’un service public

Un Conservatoire n’est pas une entreprise : le « déficit » dont parlent constamment les élus du Val d’Yerres à des fins de basse propagande, c’est la participation normale d’un établissement public de coopération intercommunale à un service public se trouvant dans son domaine de compétence. S’il fallait appeler cela « déficit », il n’y aurait plus de service public payé par l’impôt : plus d’école, etc.

Coût annuel du Conservatoire par élève et par habitant : 2 centimes

Selon le tract du Val d’Yerres, chaque élève coûte aux Val d’Yerrois 1803 euros par an. Ce qu’on ne nous dit pas, c’est que divisé par le nombre de Val d’Yerrois, cela revient annuellement à deux centimes d’euros par habitant [1] . À titre de comparaison, le coût des déchets en France oscille entre 57 et 108 euros par habitant [2]
On peut donc récrire ainsi le texte des élus du Val d’Yerres :
« En 2014, nous dépassons les 2 centimes d’euros par élève de déficit annuel, ce qui n’est plus acceptable. »
Les Val d’Yerrois jugeront de la bonne foi et de la transparence mises en œuvre par nos élus dans cette campagne de communication.

Coût du Conservatoire par rapport aux autres CRD en France

  Coût moyen d’un élève de CRD en France : 2 443 euros.
     Et dans le Val d’Yerres : 2 375 euros brut (soit 1803 euros net).

•  Les collectivités prennent en charge, en moyenne, 75,2 % des  frais des CRD.
    Et dans le Val d’Yerres : 76 %.

•  Droits de scolarité :
    en moyenne, 7,4 % du coût de fonctionnement des conservatoires en France.
    Et dans le Val d’Yerres : 20 %.
    Et selon nos élus, c’est fort insuffisant.
Notons que les familles acquittent dans le Val d’Yerres 472 € de frais d’inscription en cycle  1 de musique. En France, dans les villes moyennes, ces montants varient de 115 à 502 €, pour une moyenne à 280 € [3] . 
La situation financière du Conservatoire se situe donc exactement dans la moyenne nationale, sauf les droits d’inscription, extrêmement élevés.

Les charges de personnel augmentent tandis que les effectifs baissent de 20%…

Le tract de la CAVY dénonce l’augmentation des charges de personnel entre 2003 et 2014. Or cette augmentation est très exactement égale à l’inflation (18,5% de 2003 à 2014 selon l’INSEE).
Nos élus nous prennent pour des illettrés. Il est bon d’en prendre acte.

En conclusion :
  • Le tract de la Communauté d’agglomération n’est pas crédible.
  • Il n’y a pas de « déficit » du Conservatoire : il y a un coût du service public, et ce coût est très modéré (0,43 % du budget du Val d’Yerres).
  • IL N’Y A PAS D’IMPASSE FINANCIERE DU CONSERVATOIRE.
  • S’il y a des économies à faire dans le Val d’Yerres, est-ce une raison pour démanteler un fleuron de l’enseignement artistique français ?

 S’agissant du coût des enseignants,

il y a des limites au populisme et aux propos démagogiques

  
Sur leur qualification

Nier la différence entre deux niveaux de qualification distincts, comme si la catégorie A n’était que l’avancement de la catégorie B à l’ancienneté, est aussi scandaleux qu’absurde. On accède à la catégorie A par un concours particulièrement difficile et sélectif. Quant à la catégorie B, elle est elle-même d’un haut niveau, inaccessible aux amateurs. Et leurs rôles respectifs (PEA : professeurs d’enseignement artistique ; AEA : assistants d’enseignement artistique) sont clairement définis par les statuts de la profession.

Sur leur temps de travail

Il est invraisemblable de laisser entendre — et cela l’est plus encore, venant de leurs propres employeurs — que ces enseignants ne travaillent que 16/20 heures par semaine. On se trouve là au degré zéro des clichés anti-enseignants. Et cela sous la houlette du défenseur attitré de l’éduca¬tion scolaire, Nicolas Dupont-Aignan lui-même. Si le temps de travail d’un professeur, dans un conservatoire aussi bien que dans un établisse¬ment scolaire, se limitait à ses heures de cours, tout un chacun chercherait à accéder à ce métier béni des dieux.
Les apprentissages artistiques tout comme leurs enseignements exigent une grande rigueur et une discipline de travail constante. Le professeur de musique arrive-t-il à ses cours bras ballants,  abandonne-t-il ses partitions la porte de sa classe refermée, et ses élèves lors des auditions et concerts ?
 
Sur leur rémunération

Le salaire des professeurs de catégorie A (maximum 3625 euros) [4] n’a jamais été 3 fois supérieur à celui de la catégorie B (minimum 1486 euros)  [5]. On est là très loin des salaires d’un cadre supérieur ; pas très loin, en revanche, des indemnités d’un président ou d’un vice-président de Communauté d’agglomération.

Sur les économies susceptibles d’être faites sur leur dos

Le coût des professeurs titulaires — qui (étant titulaires) n’ont aucune raison de partir avant la retraite — est incompressible. En laissant sous-entendre, tout en communiquant des données inexactes, que c'est la composition même du corps enseignant qui serait responsable de l’essentiel du « déficit », on fait passer pour « déficit » des frais de fonctionnement, normaux dans un CRD.
De plus, une étude en cours de publication démontre, chiffres et grilles salariales à l’appui, que s’il fallait remplacer les enseignants de catégorie A du Conservatoire par des enseignants de catégorie B, l’économie ainsi réalisée serait deux fois inférieure à celle annoncée par le tract.
Il ne suffit pas d’asséner des chiffres avec autorité : encore faut-il les étudier correctement.
Et rappeler que les effectifs des enseignants ont chuté dramatiquement et que 30% des heures d’enseignement ont été perdues ces 4 dernière années.

Un « nouveau projet pédagogique » ?

 
Le Conservatoire serait-il dépourvu de projet ?

Le tract de la CAVY présente les bases d’un nouveau projet pédagogique, élaboré par « la direction du Conservatoire » — c’est-à-dire sans les enseignants : on prétend le leur imposer.
Faut-il entendre que l’ambitieux projet d’établissement 2011-2016, minutieusement élaboré par les enseignants avec la direction (aujourd’hui amputée d’un maillon essentiel, la direction pédagogique) serait purement et simplement enterré ?
Le Conservatoire du Val d’Yerres s’est rendu célèbre par son rôle historique dans l’évolution de l’enseignement musical. Il est comique de voir aujourd’hui des élus et administrateurs donner des leçons de pédagogie ou d'innovation à ceux qui ont fait école dans  la France entière.

Apprentissage collectif ?

Nos élus nous annoncent une pédagogie au rabais, sur des bases qui opposent apprentissage individuel et pratiques collectives, alors qu'elles devraient être associées et articulées.
Cette "réforme" qui doit être votée en conseil communautaire le 30 juin, sans qu'aucune concertation ni avec les professeurs  ni avec les parents d'élèves, n'ait eu lieu, prévoit :
  • un cours d'instrument en groupe de 5.  
  • un cours de pratiques collectives en groupe de 20 (orchestre, chorale, formation musicale).

Rien n’empêche de réfléchir à un développement des pratiques collectives, au-delà de ce qui existe déjà. Mais le ministère de la Culture, invoqué à l’appui de cette nouvelle orientation, maintient clairement l’exigence d’une formation individualisée [6] . Or, dans le nouveau projet, les cours individuels, socle de l’enseignement instrumental en France, feraient doublement les frais de l’opération : diminution (voire disparition) des horaires et augmentation du tarif.

De plus, la généralisation des cours collectifs nécessiterait des salles aux normes. Quand on sait que les danseurs du CRD ne sont pas prioritaires dans l’accès aux salles de répétition, il est permis d’avoir des doutes — sans parler, pour qui connait l’exiguïté des pièces existantes, de classes à cinq violoncelles, par exemple…


Création d’une filière « éveil » et « loisirs » pour les jeunes de 11 à 18 ans

Pourquoi pas ? Mais certainement pas au détriment d’une formation musicale de base (solfège) et de ce qui reste une obligation du service public clairement affichée par le Ministère : offrir dans les trois cycles une filière diplômante.
Quant au jardin d’éveil musical pour les petits, ce n’est pas vraiment une nouveauté (l’éveil se pratique déjà dès la moyenne section !), et il est curieux de voir qu’il se mettrait en place alors que seraient supprimées les interventions en milieu scolaire, vecteur important de l’accès au Conservatoire auprès des plus jeunes.

Classes à horaires aménagés

Leur suppression a été présentée comme un moyen de faire une économie, parmi d’autres. Pour mémoire, leur coût s’élève à moins de 70 000 €, soit 0,15 % du budget de la CAVY. Est-ce là un vrai choix réfléchi pour les collégiens du Val d’Yerres, lorsqu’on sait la valeur de ce cursus scolaire unique ?
Leur suppression est, elle aussi, en contradiction formelle avec les préconisations du ministère de la Culture, qui visent à renforcer le partenariat avec le milieu scolaire et soulignent que, pour ce faire, ces classes sont un atout précieux.

Et la scolarité actuelle des 1 100 élèves du Conservatoire ?

Les réformes préconisées par la CAVY sont de nature à ruiner l’enseignement actuellement dispensé à 1 100 élèves. D’ores et déjà, le « remerciement » d’un remarquable professeur de violoncelle désorganise entièrement sa classe et compromet l’avenir de cet enseignement (imaginez un orchestre sans violoncelles !). Au mépris et dans l’ignorance du fonctionnement de cette école, nos élus détruisent le cycle d’études des élèves. Attitude responsable ? Chacun jugera.

On ne repense pas l’enseignement du Conservatoire en un mois,au début de l’été,surtout lorsque rien n’impose ce remaniement commandé d’en haut par nos élus.
  • Nous avons la chance d’avoir dans le Val d’Yerres un Conservatoire à Rayonnement Départemental devenu une référence en matière d’enseignement dans les milieux professionnels de la musique française.
  • Ce qu’il faut pour  l’ouvrir au plus grand nombre , c'est en préserver les atouts, mieux communiquer et le faire connaître ! Ainsi le Conservatoire rayonnera,  remplira ses missions et se développera.


 

Le Conservatoire de musique et de danse du Val d’Yerres doit rester un Conservatoire à Rayonnement Départemental


Des artistes de renommée internationale, des personnalités de la scène musicale française, de l'éducation artistique, soutiennent le CRD de Yerres




3.300 personnes ont signé en ligne ou auprès d'Ardamuse la pétition

  "Halte au démantèlement du Conservatoire"





Le Conservatoire à rayonnement départemental du Val d'Yerres compte 1158 élèves répartis sur cinq communes et 6 classes cham-chad dans deux collèges.

Le comité de soutien du CRD nouvellement créé entend défendre la pérennité de cet établissement et l'impérative nécessité de son enseignement artistique.


CRD : ce qu'il faut savoir

Le classement des établissements publics d'enseignement artistique est inscrit au Code de l'Éducation.

Ce classement prend en compte, notamment, la nature et le niveau des enseignements dispensés, les qualifications du personnel enseignant et la participation de l'établissement à l'action éducative et culturelle locale. Il distingue trois types d'établissements :
  • les conservatoires à rayonnement communal ou intercommunal (CRC)
  • les conservatoires à rayonnement départemental (CRD)
  • les conservatoires à rayonnement régional (CRR)

Les CRD doivent dispenser ou garantir l'enseignement d'au moins deux spécialités (musique, danse ou théâtre) dans les deux premiers cycles du cursus et le 3e cycle de formation des amateurs, et assurer ou garantir le cycle d'enseignement professionnel initial (Cepi).

Décret n° 2013-748 du 14 août 2013 relatif à la prolongation et au renouvellement du classement des établissements d'enseignement public de la musique, de la danse et de l'art dramatique
 

Article 5  

Sont classés conservatoires à rayonnement départemental les établissements qui réunissent les conditions suivantes :

  • assurer, dans l'aire de rayonnement départemental, les missions prévues aux articles 2 et 3. A ce titre, ils ont vocation à mettre en place, dans le cadre de projets pédagogiques et artistiques ouverts aux publics du département et dans les domaines du répertoire et de la création, des résidences d'artistes, des ensembles instrumentaux et des orchestres, des ensembles vocaux, des chorales, des pratiques chorégraphiques et théâtrales ;

  • outre les missions des conservatoires prévues à l'article 4, dispenser ou garantir l'enseignement d'au moins deux spécialités, dans les deux premiers cycles du cursus et le troisième cycle de formation des amateurs ;

  • assurer ou garantir le cycle d'enseignement professionnel initial, lorsque la spécialité musique ou la spécialité danse est retenue. Pour l'art dramatique, la mise en place du cycle d'enseignement professionnel initial est facultative ;

  • constituer un lieu de ressource pour les plans départementaux et régionaux de formation continue des enseignants.

1° Lorsque les établissements ont choisi la musique comme l'une des deux spécialités, ils :

  • assurent l'enseignement des instruments de l'orchestre symphonique et assurent ou garantissent les pratiques collectives instrumentales ;

  • possèdent un département des instruments polyphoniques, en cohérence avec le développement des pratiques collectives prévues dans le projet d'établissement ;

  • possèdent un département de l'enseignement des pratiques vocales comprenant un cursus de voix pour les enfants ;

  • possèdent au moins un département au choix dans la liste suivante : jazz et musiques actuelles amplifiées, musiques traditionnelles, musique ancienne, composition incluant l'électroacoustique et l'informatique musicale ;

  • - offrent un cycle d'enseignement professionnel initial dont les disciplines sont déterminées dans le projet d'établissement, en cohérence avec le plan régional de développement des formations professionnelles ;

  • participent à la mise en place des classes à horaires aménagés.

2° Lorsque les établissements ont choisi la danse comme l'une des deux spécialités, ils :

  • dispensent ou garantissent, dans les deux premiers cycles et le troisième cycle de formation des amateurs, l'enseignement de deux des disciplines chorégraphiques visées par l'article L. 362-1 du code de l'éducation ainsi qu'un cycle d'enseignement professionnel initial dans au moins une de ces disciplines en cohérence avec le plan régional de développement des formations professionnelles ;

  • accompagnent la constitution et l'activité de groupes chorégraphiques amateurs, notamment en facilitant leur accès à des espaces de travail par le moyen de conventions ;

  • participent à la mise en place des classes à horaires aménagés.

source Légifrance

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