Il est distribué, en centre ville, par de jeunes élus aux abords de la manifestation du samedi 14; il est diffusé à grande échelle dans les Conservatoires, à la Fête de la ville de Yerres et sur les sites internet des collectivités territoriales. Dans ce document, les élus valident le bien fondé des inquiétudes et mettent à jour des projets plus alarmants encore.
Notre réponse :
le 23 juin 2014
Comment les élus veulent couler le Conservatoire…
Le Conservatoire à Rayonnement Départemental du Val d’Yerres
(CRD), haut lieu de l’enseignement de la musique et de la danse, réputé dans la
France entière, fait actuellement l’objet d’une grave désorganisation. Opacité
et précipitation sont les maîtres-mots d’une vaste tentative de remaniement de
la part des élus du Val d’Yerres, sous couvert d’une baisse de subventions qui
mettrait en péril, nous dit-on, son équilibre financier.
De l’avis des parents d’élèves, appuyés par un prestigieux
comité de soutien et une pétition qui, en trois semaines, a déjà réuni plus de
4000 signatures, c’est précisément ce remaniement chaotique qui met en péril le
Conservatoire.
Les élus du Val d’Yerres ont répondu à nos protestations par
un tract en couleurs qui se veut informatif et rassurant : il désinforme et
inquiète. Les auteurs déclarent d’entrée vouloir sauver le Conservatoire. C’est
donc qu’il est bel et bien en danger. Quand nous évoquions ce danger, on nous
reprochait de colporter des rumeurs.
Aspects financiers
200 000 euros de subventions ont été récemment supprimés par
le Conseil Général et l’État.
1° Les baisses de subventions du Conseil Général ont été
votées dès 2008
Ce n’est donc pas une surprise. Pourquoi n’ont-elles pas été
anticipées ?
2° Cette baisse de 200 000 euros s’inscrit dans le budget de
fonctionnement du Val d’Yerres (47 millions d’euros) : elle en représente 0,43
%. Le prétexte est mince pour déclarer le Conservatoire en déséquilibre
financier.
3° Ce ne sont pas les subventions de l’État qui permettaient
le financement du label CRD.
Lorsqu’on lit cette phrase dans le tract de la CAVY (p. 3),
ce qu’on comprend le mieux, c’est qu’il s’agit là d’un bel abus de langage
destiné aux lecteurs distraits : en fait, ces subventions contribuaient pour
une faible part (un peu moins de 10% du budget total) au financement du
Conservatoire, point final. Leur suppression est plus que regrettable, mais
elle est loin de mettre en péril l’équilibre financier de l’ensemble, qui
s’évalue à l’échelle du Val d’Yerres.
4° La notion de « déficit » n’a pas de sens, s’agissant d’un
service public
Un Conservatoire n’est pas une entreprise : le « déficit »
dont parlent constamment les élus du Val d’Yerres à des fins de basse
propagande, c’est la participation normale d’un établissement public de
coopération intercommunale à un service public se trouvant dans son domaine de
compétence. S’il fallait appeler cela « déficit », il n’y aurait plus de
service public payé par l’impôt : plus d’école, etc.
5° Coût annuel du Conservatoire par élève et par habitant :
2 centimes
Selon le tract du Val d’Yerres, chaque élève coûte aux Val
d’Yerrois 1803 euros par an. Ce qu’on ne nous dit pas, c’est que divisé par le
nombre de Val d’Yerrois, cela revient annuellement à deux centimes d’euros par
habitant [1] . À titre de comparaison, le coût des déchets en France oscille entre
57 et 108 euros par habitant [2]
On peut donc récrire ainsi le texte des élus du Val d’Yerres
:
« En 2014, nous dépassons les 2 centimes d’euros par élève de déficit annuel, ce qui n’est plus acceptable. »
Les Val d’Yerrois jugeront de la bonne foi et de la
transparence mises en œuvre par nos élus dans cette campagne de communication.
6° Coût du Conservatoire par rapport aux autres CRD en
France
• Coût
moyen d’un élève de CRD en France : 2 443 euros.
Et dans le Val d’Yerres : 2 375 euros brut (soit 1803
euros net).
• Les
collectivités prennent en charge, en moyenne, 75,2 % des frais des CRD.
Et dans le Val d’Yerres : 76 %.
• Droits de scolarité :
en moyenne, 7,4 % du coût de fonctionnement des
conservatoires en France.
Et dans le Val d’Yerres : 20 %.
Et selon nos élus, c’est fort insuffisant.
Notons que les familles acquittent dans le Val d’Yerres 472 € de frais d’inscription en cycle 1 de musique. En France, dans les villes moyennes, ces montants varient de 115 à 502 €, pour une moyenne à 280 € [3] .
La situation financière du Conservatoire se situe donc
exactement dans la moyenne nationale, sauf les droits d’inscription,
extrêmement élevés.
7° Les charges de personnel augmentent tandis que les
effectifs baissent de 20%…
Le tract de la CAVY dénonce l’augmentation des charges de
personnel entre 2003 et 2014. Or cette augmentation est très exactement égale à
l’inflation (18,5% de 2003 à 2014 selon l’INSEE).
Nos élus nous prennent pour des illettrés. Il est bon d’en
prendre acte.
En conclusion :
- Le tract de la Communauté d’agglomération n’est pas crédible.
- Il n’y a pas de « déficit » du Conservatoire : il y a un coût du service public, et ce coût est très modéré (0,43 % du budget du Val d’Yerres).
- IL N’Y A PAS D’IMPASSE FINANCIERE DU CONSERVATOIRE.
- S’il y a des économies à faire dans le Val d’Yerres, est-ce une raison pour démanteler un fleuron de l’enseignement artistique français ?
S’agissant du coût des enseignants,
il y a des limites au populisme et aux propos démagogiques
1° Sur leur qualification
Nier la différence entre deux niveaux de qualification
distincts, comme si la catégorie A n’était que l’avancement de la catégorie B à
l’ancienneté, est aussi scandaleux qu’absurde. On accède à la catégorie A par
un concours particulièrement difficile et sélectif. Quant à la catégorie B,
elle est elle-même d’un haut niveau, inaccessible aux amateurs. Et leurs rôles
respectifs (PEA : professeurs d’enseignement artistique ; AEA : assistants
d’enseignement artistique) sont clairement définis par les statuts de la
profession.
2° Sur leur temps de travail
Il est invraisemblable de laisser entendre — et cela l’est
plus encore, venant de leurs propres employeurs — que ces enseignants ne
travaillent que 16/20 heures par semaine. On se trouve là au degré zéro des
clichés anti-enseignants. Et cela sous la houlette du défenseur attitré de
l’éduca¬tion scolaire, Nicolas Dupont-Aignan lui-même. Si le temps de travail
d’un professeur, dans un conservatoire aussi bien que dans un établisse¬ment
scolaire, se limitait à ses heures de cours, tout un chacun chercherait à accéder
à ce métier béni des dieux.
Les apprentissages artistiques tout comme leurs
enseignements exigent une grande rigueur et une discipline de travail
constante. Le professeur de musique arrive-t-il à ses cours bras ballants, abandonne-t-il ses partitions la porte de sa
classe refermée, et ses élèves lors des auditions et concerts ?
3° Sur leur rémunération
Le salaire des professeurs de catégorie A (maximum
3625 euros) [4] n’a jamais été 3 fois supérieur à celui de la catégorie B (minimum
1486 euros) [5]. On est là très loin des salaires d’un cadre supérieur ; pas très
loin, en revanche, des indemnités d’un président ou d’un vice-président de
Communauté d’agglomération.
4° Sur les économies susceptibles d’être faites sur leur dos
Le coût des professeurs titulaires — qui (étant titulaires)
n’ont aucune raison de partir avant la retraite — est incompressible. En
laissant sous-entendre, tout en communiquant des données inexactes, que c'est
la composition même du corps enseignant qui serait responsable de l’essentiel
du « déficit », on fait passer pour « déficit » des frais de fonctionnement,
normaux dans un CRD.
De plus, une étude en cours de publication démontre,
chiffres et grilles salariales à l’appui, que s’il fallait remplacer les
enseignants de catégorie A du Conservatoire par des enseignants de catégorie B,
l’économie ainsi réalisée serait deux fois inférieure à celle annoncée par le
tract.
Il ne suffit pas d’asséner des chiffres avec autorité :
encore faut-il les étudier correctement.
Et rappeler que les effectifs des enseignants ont chuté
dramatiquement et que 30% des heures d’enseignement ont été perdues ces 4
dernière années.
Un « nouveau projet pédagogique » ?
1° Le Conservatoire serait-il dépourvu de projet ?
Le tract de la CAVY présente les bases d’un nouveau projet
pédagogique, élaboré par « la direction du Conservatoire » — c’est-à-dire sans
les enseignants : on prétend le leur imposer.
Faut-il entendre que l’ambitieux projet d’établissement
2011-2016, minutieusement élaboré par les enseignants avec la direction
(aujourd’hui amputée d’un maillon essentiel, la direction pédagogique) serait
purement et simplement enterré ?
Le Conservatoire du Val d’Yerres s’est rendu célèbre par son
rôle historique dans l’évolution de l’enseignement musical. Il est comique de
voir aujourd’hui des élus et administrateurs donner des leçons de pédagogie ou
d'innovation à ceux qui ont fait école dans
la France entière.
2° Apprentissage collectif ?
Nos élus nous annoncent une pédagogie au rabais, sur des
bases qui opposent apprentissage individuel et pratiques collectives, alors
qu'elles devraient être associées et articulées.
Cette "réforme" qui doit être votée en conseil
communautaire le 30 juin, sans qu'aucune concertation ni avec les
professeurs ni avec les parents
d'élèves, n'ait eu lieu, prévoit :
- un cours d'instrument en groupe de 5.
- un cours de pratiques collectives en groupe de 20 (orchestre, chorale, formation musicale).
Rien n’empêche de réfléchir à un développement des pratiques
collectives, au-delà de ce qui existe déjà. Mais le ministère de la Culture,
invoqué à l’appui de cette nouvelle orientation, maintient clairement
l’exigence d’une formation individualisée [6] . Or, dans le nouveau projet, les
cours individuels, socle de l’enseignement instrumental en France, feraient
doublement les frais de l’opération : diminution (voire disparition) des
horaires et augmentation du tarif.
De plus, la généralisation des cours collectifs
nécessiterait des salles aux normes. Quand on sait que les danseurs du CRD ne
sont pas prioritaires dans l’accès aux salles de répétition, il est permis
d’avoir des doutes — sans parler, pour qui connait l’exiguïté des pièces
existantes, de classes à cinq violoncelles, par exemple…
3° Création d’une filière « éveil » et « loisirs » pour les
jeunes de 11 à 18 ans
Pourquoi pas ? Mais certainement pas au détriment d’une
formation musicale de base (solfège) et de ce qui reste une obligation du
service public clairement affichée par le Ministère : offrir dans les trois
cycles une filière diplômante.
Quant au jardin d’éveil musical pour les petits, ce n’est
pas vraiment une nouveauté (l’éveil se pratique déjà dès la moyenne section !),
et il est curieux de voir qu’il se mettrait en place alors que seraient
supprimées les interventions en milieu scolaire, vecteur important de l’accès
au Conservatoire auprès des plus jeunes.
4° Classes à horaires aménagés
Leur suppression a été présentée comme un moyen de faire une
économie, parmi d’autres. Pour mémoire, leur coût s’élève à moins de 70 000 €,
soit 0,15 % du budget de la CAVY. Est-ce là un vrai choix réfléchi pour les
collégiens du Val d’Yerres, lorsqu’on sait la valeur de ce cursus scolaire
unique ?
Leur suppression est, elle aussi, en contradiction formelle
avec les préconisations du ministère de la Culture, qui visent à renforcer le
partenariat avec le milieu scolaire et soulignent que, pour ce faire, ces
classes sont un atout précieux.
5° Et la scolarité actuelle des 1 100 élèves du
Conservatoire ?
Les réformes préconisées par la CAVY sont de nature à ruiner
l’enseignement actuellement dispensé à 1 100 élèves. D’ores et déjà, le «
remerciement » d’un remarquable professeur de violoncelle désorganise entièrement
sa classe et compromet l’avenir de cet enseignement (imaginez un orchestre sans
violoncelles !). Au mépris et dans l’ignorance du fonctionnement de cette
école, nos élus détruisent le cycle d’études des élèves. Attitude responsable ?
Chacun jugera.
On ne repense pas l’enseignement du Conservatoire en un
mois,au début de l’été,surtout lorsque rien n’impose ce remaniement commandé d’en haut par nos élus.
- Nous avons la chance d’avoir dans le Val d’Yerres un Conservatoire à Rayonnement Départemental devenu une référence en matière d’enseignement dans les milieux professionnels de la musique française.
- Ce qu’il faut pour l’ouvrir au plus grand nombre , c'est en préserver les atouts, mieux communiquer et le faire connaître ! Ainsi le Conservatoire rayonnera, remplira ses missions et se développera.
Le Conservatoire de musique et de danse du Val d’Yerres doit rester un Conservatoire à Rayonnement Départemental
Des artistes de renommée internationale, des
personnalités de la scène musicale française, de l'éducation artistique,
soutiennent le CRD de Yerres
3.300 personnes ont signé en ligne ou auprès d'Ardamuse
la pétition
"Halte au démantèlement du
Conservatoire"
Le Conservatoire à rayonnement départemental du Val d'Yerres compte 1158 élèves répartis sur cinq communes et 6 classes cham-chad dans deux collèges.
Le comité de soutien du CRD nouvellement créé entend défendre la pérennité de cet établissement et l'impérative nécessité de son enseignement artistique.
CRD : ce qu'il faut savoir
Le classement des établissements publics d'enseignement artistique est inscrit au Code de l'Éducation.
Ce classement prend en compte, notamment, la nature et le niveau des enseignements dispensés, les qualifications du personnel enseignant et la participation de l'établissement à l'action éducative et culturelle locale. Il distingue trois types d'établissements :
- les conservatoires à rayonnement communal ou intercommunal (CRC)
- les conservatoires à rayonnement départemental (CRD)
- les conservatoires à rayonnement régional (CRR)
Les CRD doivent dispenser ou garantir l'enseignement d'au moins deux spécialités (musique, danse ou théâtre) dans les deux premiers cycles du cursus et le 3e cycle de formation des amateurs, et assurer ou garantir le cycle d'enseignement professionnel initial (Cepi).
Décret n° 2013-748 du 14 août 2013 relatif à la prolongation et au renouvellement du classement des établissements d'enseignement public de la musique, de la danse et de l'art dramatique
Article 5
Sont classés conservatoires à rayonnement départemental les établissements qui réunissent les conditions suivantes :
- assurer, dans l'aire de rayonnement départemental, les missions prévues aux articles 2 et 3. A ce titre, ils ont vocation à mettre en place, dans le cadre de projets pédagogiques et artistiques ouverts aux publics du département et dans les domaines du répertoire et de la création, des résidences d'artistes, des ensembles instrumentaux et des orchestres, des ensembles vocaux, des chorales, des pratiques chorégraphiques et théâtrales ;
- outre les missions des conservatoires prévues à l'article 4, dispenser ou garantir l'enseignement d'au moins deux spécialités, dans les deux premiers cycles du cursus et le troisième cycle de formation des amateurs ;
- assurer ou garantir le cycle d'enseignement professionnel initial, lorsque la spécialité musique ou la spécialité danse est retenue. Pour l'art dramatique, la mise en place du cycle d'enseignement professionnel initial est facultative ;
- constituer un lieu de ressource pour les plans départementaux et régionaux de formation continue des enseignants.
1° Lorsque les établissements ont choisi la musique comme l'une des deux spécialités, ils :
- assurent l'enseignement des instruments de l'orchestre symphonique et assurent ou garantissent les pratiques collectives instrumentales ;
- possèdent un département des instruments polyphoniques, en cohérence avec le développement des pratiques collectives prévues dans le projet d'établissement ;
- possèdent un département de l'enseignement des pratiques vocales comprenant un cursus de voix pour les enfants ;
- possèdent au moins un département au choix dans la liste suivante : jazz et musiques actuelles amplifiées, musiques traditionnelles, musique ancienne, composition incluant l'électroacoustique et l'informatique musicale ;
- - offrent un cycle d'enseignement professionnel initial dont les disciplines sont déterminées dans le projet d'établissement, en cohérence avec le plan régional de développement des formations professionnelles ;
- participent à la mise en place des classes à horaires aménagés.
2° Lorsque les établissements ont choisi la danse comme l'une des deux spécialités, ils :
- dispensent ou garantissent, dans les deux premiers cycles et le troisième cycle de formation des amateurs, l'enseignement de deux des disciplines chorégraphiques visées par l'article L. 362-1 du code de l'éducation ainsi qu'un cycle d'enseignement professionnel initial dans au moins une de ces disciplines en cohérence avec le plan régional de développement des formations professionnelles ;
- accompagnent la constitution et l'activité de groupes chorégraphiques amateurs, notamment en facilitant leur accès à des espaces de travail par le moyen de conventions ;
- participent à la mise en place des classes à horaires aménagés.
source Légifrance
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Adressez nous vos messages de soutien ici même ou par mail.
Les commentaires sont modérés avant publication.