jeudi 12 juin 2014

Lettre ouverte à Monsieur Nicolas Dupont-Aignan

Yerres, le 10 juin 2014.

Monsieur le Président de la Communauté d’agglomération du Val d’Yerres,

Le Bureau communautaire de la Communauté d’agglomération que vous présidez se prépare à voter la suppression prochaine des classes à horaires aménagés musique ou danse cham-chad.

Ces classes à horaires aménagés sont destinées à permettre aux enfants d’apprendre la musique et la danse tout en suivant les programmes du collège de la 6e à la 3e, ce qui suppose quatre ans de travail intensif. C’est un dispositif de l’Éducation Nationale qui repose sur un partenariat entre un collège public et un Conservatoire. Dans tout le Val d’Yerres, des enfants travaillent déjà dur pour parvenir à être acceptés dans ces classes dans les années qui viennent : ce sera donc sans espoir.  Ces enfants acceptent librement de sacrifier à la musique des heures de leur temps libre, des années durant. Ce potentiel éducatif, vous le rayez d’un trait de plume. Où est votre éloge de l’école républicaine, du mérite, de l’égalité des chances, votre souci prioritaire de l’éducation ?

Mais ce n’est pas tout. En procédant ainsi, vous ferez perdre au Conservatoire du Val d’Yerres son statut de CRD (Conservatoire à Rayonnement Départemental). Ce n’est pas une rumeur, c’est un fait, vous l’avez admis vous-même devant des parents d’élèves. Il n’est pas moins notoire que depuis 1995, vous avez plusieurs fois cherché à fermer ce Conservatoire. Récemment, vous en avez à plusieurs reprises chiffré la fermeture. En cinq ans, ses effectifs sont déjà passés de 116 enseignants à seulement 67, mais cela ne vous suffit pas. Que vous a-t-il donc fait ?

Ce Conservatoire n’est pas un gadget de luxe. Depuis plus de 30 ans, il est une référence en matière d’enseignement dans les milieux professionnels de la musique française (Ecole nationale de musique et de danse). Il appartient à notre patrimoine culturel. C’est l’un des fleurons du Val d’Yerres.

Du divertissement, des variétés, de la danse et de la musique classique, cela, nous en avons, au CEC de Yerres et dans toutes les salles que vous avez fait construire dans le Val d’Yerres : nous avons donc des spectacles. Mais que nos enfants apprennent réellement la musique et la danse, cela, vous ne le voulez plus ? Faire perdre à ce Conservatoire son statut de CRD, c’est le détruire : cela signifie supprimer son cahier des charges actuels, qui l’oblige à faire enseigner la musique par des professeurs qualifiés (possédant le Certificat d’Aptitude). Devenu municipal, ce Conservatoire n’aurait plus ces obligations. Des enseignants non qualifiés pourraient être recrutés puis remerciés, il serait loisible d’en diminuer le nombre, de supprimer des disciplines aujourd’hui obligatoires. Ils coûteraient peu d’argent. Les conservatoires municipaux existent, mais ils n’ont rien de commun avec un CRD en termes d’enseignement et de professionnalisation.

Parmi les professeurs de musique du Conservatoire du Val d’Yerres, on compte des musi­ciens de stature internationale. Ces musiciens ne restent pas dans une tour d’ivoire : ils viennent dans ce Conservatoire pour transmettre leur savoir à nos enfants — non pas à quelques privilégiés, mais à tous ceux qui le souhaitent, tous milieux confondus, si du moins votre augmenta­tion constante des tarifs d’inscription ne les en a pas dissuadés (à la charge des familles : 527 € en cycle 1 musique , 605 € en cycle 2 musique, 743 € en cycle 3 musique, 285 € en cycle 1 danse, 365 € en cycle 2).
Et ils le font avec un sens pédago­gique qui fait l’admiration de tous.

Tout cela fait de ce CRD une grande chance pour les habitants du Val d'Yerres, et un puissant outil de promotion de l’image du Val d'Yerres à l’extérieur. Par ses élèves et par ses enseignants, il contribue à l’enrichissement éducatif et culturel du Val d’Yerres grâce aux innombrables auditions, spectacles et concerts donnés chaque année avec enthousiasme — et dont le public n’est que trop rarement informé, car la Communauté d’agglomération ne communique pas sur ces spectacles.

M. le Député-Maire, ne nous opposez pas une logique comptable.
D’une part, les suppressions de postes, les départs non remplacés depuis des années vous ont déjà fait faire de substantielles économies. Mais vous n’en parlez pas.
D’autre part, on ne marchande pas avec l’Education. Ce Conservatoire est pour les habitants du Val d'Yerres un puissant outil éducatif. Ce n’est pas du loisir qu’il propose, c’est une discipline de travail, dans un cadre scolaire auquel les enfants se plient avec bonheur.

Au regard des discours, des réunions publiques que vous tenez depuis des années sur la priorité à accorder avant tout à l'éducation, il apparaît proprement incompréhensible que vous vous refusiez à renforcer ce Conservatoire, à le dévelop­per et à le promouvoir. Ce n’est pas une décision comptable dont il s’agit. C’est un choix de politique culturelle.

Si vous voulez que les Yerrois et les habitants du Val d’Yerres cessent d’apprendre la musique comme on l’apprend partout ailleurs, c’est-à-dire dans les règles de l’art, que ne l’avez-vous inscrit dans votre programme électoral ? Redoutiez-vous un moins bon score ? Vos administrés vous récla­ment de maintenir dans ce Conservatoire l’argent qui lui est nécessaire, de ne pas mutiler le patri­moine culturel du Val d’Yerres en l’amputant d’une de ses plus grandes sources d’éducation et de rayonnement.

  le Comité de Soutien au CRD

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Adressez nous vos messages de soutien ici même ou par mail.
Les commentaires sont modérés avant publication.