Yerres, le 10 juin 2014.
Monsieur le Président de la Communauté d’agglomération du Val
d’Yerres,
Le
Bureau communautaire de la Communauté d’agglomération que vous présidez se
prépare à voter la suppression prochaine des classes à horaires aménagés
musique ou danse cham-chad.
Ces
classes à horaires aménagés sont destinées à permettre aux enfants d’apprendre
la musique et la danse tout en suivant les programmes du collège de la 6e
à la 3e, ce qui suppose quatre ans de travail intensif. C’est un
dispositif de l’Éducation Nationale qui repose sur un partenariat entre un
collège public et un Conservatoire.
Dans tout le Val d’Yerres, des enfants travaillent déjà dur pour
parvenir à être acceptés dans ces classes dans les années qui viennent :
ce sera donc sans espoir. Ces enfants acceptent librement de sacrifier à la musique des
heures de leur temps libre, des années durant. Ce potentiel éducatif, vous le
rayez d’un trait de plume. Où est votre éloge de l’école républicaine, du
mérite, de l’égalité des chances, votre souci prioritaire de l’éducation ?
Mais
ce n’est pas tout. En procédant ainsi, vous ferez perdre au Conservatoire du
Val d’Yerres son statut de CRD (Conservatoire à Rayonnement Départemental). Ce
n’est pas une rumeur, c’est un fait, vous l’avez admis vous-même devant des
parents d’élèves. Il n’est pas moins notoire que depuis 1995, vous avez
plusieurs fois cherché à fermer ce Conservatoire. Récemment, vous en avez à
plusieurs reprises chiffré la fermeture. En cinq ans, ses effectifs sont déjà
passés de 116 enseignants à seulement 67, mais cela ne vous suffit pas. Que
vous a-t-il donc fait ?
Ce
Conservatoire n’est pas un gadget de luxe. Depuis plus de 30 ans, il est une
référence en matière d’enseignement dans les milieux professionnels de la
musique française (Ecole nationale de musique et de danse). Il appartient à
notre patrimoine culturel. C’est l’un des fleurons du Val d’Yerres.
Du
divertissement, des variétés, de la danse et de la musique classique, cela,
nous en avons, au CEC de Yerres et dans toutes les salles que vous avez fait
construire dans le Val d’Yerres : nous avons donc des spectacles. Mais que
nos enfants apprennent réellement la musique et la danse, cela, vous ne le
voulez plus ? Faire perdre à ce Conservatoire son statut de CRD, c’est le
détruire : cela signifie supprimer son cahier des charges actuels, qui
l’oblige à faire enseigner la musique par des professeurs qualifiés (possédant
le Certificat d’Aptitude). Devenu municipal, ce Conservatoire n’aurait plus ces
obligations. Des enseignants non qualifiés pourraient être recrutés puis
remerciés, il serait loisible d’en diminuer le nombre, de supprimer des
disciplines aujourd’hui obligatoires. Ils coûteraient peu d’argent. Les
conservatoires municipaux existent, mais ils n’ont rien de commun avec un CRD
en termes d’enseignement et de professionnalisation.
Parmi
les professeurs de musique du Conservatoire du Val d’Yerres, on compte des musiciens
de stature internationale. Ces musiciens ne restent pas dans une tour
d’ivoire : ils viennent dans ce Conservatoire pour transmettre leur savoir
à nos enfants — non pas à quelques privilégiés, mais à tous ceux qui le
souhaitent, tous milieux confondus, si du moins votre augmentation constante
des tarifs d’inscription ne les en a pas dissuadés (à la charge des
familles : 527 € en cycle 1 musique , 605 € en cycle 2 musique, 743 € en
cycle 3 musique, 285 € en cycle 1 danse, 365 € en cycle 2).
Et
ils le font avec un sens pédagogique qui fait l’admiration de tous.
Tout
cela fait de ce CRD une grande chance pour les habitants du Val d'Yerres, et un
puissant outil de promotion de l’image du Val d'Yerres à l’extérieur. Par ses
élèves et par ses enseignants, il contribue à l’enrichissement éducatif et
culturel du Val d’Yerres grâce aux innombrables auditions, spectacles et
concerts donnés chaque année avec enthousiasme — et dont le public n’est que
trop rarement informé, car la Communauté d’agglomération ne communique pas sur
ces spectacles.
M.
le Député-Maire, ne nous opposez pas une logique comptable.
D’une
part, les suppressions de postes, les départs non remplacés depuis des années
vous ont déjà fait faire de substantielles économies. Mais vous n’en parlez
pas.
D’autre
part, on ne marchande pas avec l’Education. Ce Conservatoire est pour les habitants
du Val d'Yerres un puissant outil éducatif. Ce n’est pas du loisir qu’il
propose, c’est une discipline de travail, dans un cadre scolaire auquel les
enfants se plient avec bonheur.
Au
regard des discours, des réunions publiques que vous tenez depuis des années
sur la priorité à accorder avant tout à l'éducation, il apparaît proprement
incompréhensible que vous vous refusiez à renforcer ce Conservatoire, à le
développer et à le promouvoir. Ce n’est pas une décision comptable dont il
s’agit. C’est un choix de politique culturelle.
Si
vous voulez que les Yerrois et les habitants du Val d’Yerres cessent
d’apprendre la musique comme on l’apprend partout ailleurs, c’est-à-dire dans
les règles de l’art, que ne l’avez-vous inscrit dans votre programme électoral ?
Redoutiez-vous un moins bon score ? Vos administrés vous réclament de
maintenir dans ce Conservatoire l’argent qui lui est nécessaire, de ne pas
mutiler le patrimoine culturel du Val d’Yerres en l’amputant d’une de ses plus
grandes sources d’éducation et de rayonnement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Adressez nous vos messages de soutien ici même ou par mail.
Les commentaires sont modérés avant publication.